Écrit(s) du Nord 27 - 28
La boîte aux lettres déjà ne se souvient plus de mon nom, mais Écrit(s) du Nord, si. C'est ainsi que j'ai reçu ce numéro. Gracieusement.
On ne sait pas toujours, avant d'y mettre les doigts, qu'ils sont généreux, les éditeurs de poésie. Vous achetez un numéro, et il n'est pas rare d'en recevoir deux ou trois.
Parfois, par le biais des fanzines, tout est gratuit pour le lecteur. sauf peut-être, allez, les frais de port. mais encore, ça dépend des fois. Le printemps des poètes 2015 nous a parlé d'insurrection poétique. La gratuité est-elle insurrectionnelle, aujourd'hui, en ce 22 octobre 2015 ? La gratuité du geste culturel, de l'acte de parole, de la trace écrite, de la transmission... est-elle insurrectionnelle ? Que mangent les poètes ? Quels compromis faut-il faire pour être gratuit et payer son loyer ? Boah pfffou, est-on jamais allé loin avec des questions bêtes ?
C'est ainsi que j'ai rencontré, par exemple, denis parmain qui produit une feuillue trimestrielle. Entièrement gratuite.
Et des choses se passent dans les boîtes aux lettres, des petits papiers écrits à la main s'échangent, les gens se lisent, se considèrent. C'est un retour à la parole grâce au ruissellement souterrain d'une nappe phréatique millénaire, aussi ancienne que l'avènement du premier signe sur une roche : derrière chaque auteur se trouve la respiration organique de quelqu'un de vivant.
C'est cette respiration-là que l'éditeur de poésie donne à toucher.
Essayez. c'est doux, ça donne de l'air.
Lu à l'accueil du site "ralentir poème", ce qui reste :
"Prendre le temps de lire un poème est un acte de résistance libérateur, une manière derester dans l’instant présent, d’échapper à la fuite en avant permanente que nous impose le rythme de notre époque. C’est reprendre sa respiration avec l’inspiration des autres." Jean-Michel Maulpoix
Alors, résistons. ça a l'air si facile, dit comme ça.
Dans ce numéro, vous pourrez lire le jeu de harpe de l'araignée dans "Un été quatorze" de Daniel Py (page 59) ; le poème sans concession de Guy Molès, "Triptyque de la mort honteuse", Journal d'un enterré vivant (page 51) ; touver dans "Le soleil dans la bouche" de Céline Escouteloup que l'amour, n'en déplaise aux qu'en dira-t-on, n'est pas mort (page 31).
Et ce micropoème de ma voisine de page
"Être
Le phare
Qui
Balaye
Ta plage"
Évelyne Charasse
(page 17)
Écrits du Nord, www.editionshenry.com, 12€ (nan, c'est pas gratuit)