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Un poil de plume dans un monde de bruit
18 janvier 2016

Pauvre

Parfois, un enfant écrit un texte. En cinq minutes. C'est fugace, ça se chiffonne à la poche pliée, ça s'oublie à une table de cuisine, ça s'envole au courant d'air... 


Parfois, on se dit qu'on a de la chance d'être les dépositaires de ces textes là. Pour le lecteur.

 

Farah

Pauvre

La ville, la vie
est pauvre en tout
En rien

Les couleurs
les lueurs sont pauvres en tout.
En rien.

Nous sommes pauvres en rien
En tout.

 

Farah, et quelque chose comme 8 ans...

Un samedi après-midi à la médiathèque François Rabelais, Gennevilliers, janvier 2016. Ateliers Poids plume. 

 

 

ah, et puis : si vous voulez soutenir Poids plume, c'est possible ici jusqu'au 24 janvier : Ulule Poids plume

Merci !

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9 janvier 2016

Le remède

Fayad Ashraf est condamné à mort en Arabie Saoudite.

Pour apostasie.

C'est un poète palestinien.

à l'appel du slogan Vie sauve pour Fayad Ashraf, le Printemps des Poètes invite à des actions de soutien. Le prochain rendez-vous a lieu le 14 janvier à midi. Les informations sont ici.

FAYADASHRAF

Voici un texte d'Ashraf Fayad, traduit par Abdellatif Laâbi

 

Le remède

 

Tu démentiras toutes les informations

les revues de presse

les analyses des spécialistes

en dernier cri de la mode

Tu n’abuseras pas du sommeil

et du téléphone portable

Tu t’exerceras un peu

à la mort

Tu te débarrasseras de toutes les photos

que tu as gardées de ton enfance

de ton adolescence, de ta pauvreté

de ton ex-aimée

des contes de ta grand-mère

et de tes virées nocturnes

pour t’attaquer

à certaines prétendues vertus

Tu utiliseras de l’eau chaude pour ta douche

et te laveras les pieds

chaque fois que tu ôteras tes chaussettes

Tu feras tiennes les expériences

de ceux qui viendront après toi

Tu écriras ton nom à l’envers sur le miroir

Tu mangeras avec la main droite

et laisseras le reste

à ceux qui méritent plus que toi

ta bouchée trempée dans

le pétrole

8 janvier 2016

Ils sont au rendez-vous...

Si ce sont toujours les heures du matin qui allument l'étonnement, c'est qu'il y a eu la fertilité de la nuit. 

C'est dans son antre que se nichent les subversions, les prises de bec et les refus sans éclats. Sous son manteau d'étoiles ou de nuages que se dessine l'autre réalité, celle qui ne s'écrit pas dans les journaux du matin. C'est à la faveur de la presque obscurité et du presque silence que s'invente la voix des poèmes.

Et depuis que s'annonce Poids plume 2016, chaque matin allume son réverbère d'étonnement, une lumière capable d'épousseter chaque heure du jour de la fatigue ordinaire immiscée dans les coins.

Chaque matin révèle un poème déposé sur les ailes de la nuit comme une bouteille dans l'océan des choses écrites.

Les gens sont au rendez-vous de ces nuits. Ils font poème vers les rives de notre tout petit artisanat. Chacun à sa façon détache les mots du réel sous-titré pour écrire avec un fragment d'humanité qui s'éveille au grand jour, à l'heure des voitures, et nous rapporte de la nuit l'éclat de l'étonnement. Cette chose devenue rare dans les plis du bavardage quotidien. 

Poids plume 2016 sera fabuleux, il l'est déjà.

Bienvenue aux poètes qui détournent - on aurait pu s'y attendre - la contrainte du format pour en faire un labyrinthe frondeur aux langues et couleurs souterraines, au "sous-dessin-jacent".

Bienvenue "A l'air libre de rouille", le dernier né au petit peuple des poèmes. 

Poids plume, c'est une édition pas comme les autres. Une parole libre, plurielle, populaire. Gratuite. La vôtre, la nôtre, celle des petits, celle des grands. Et la voix de grands poètes, aussi. Écoutez-la...

Les inédits de la nuit...

 

(on ne dévoilera pas le nom des auteurs. Poids plume, c'est une surprise, aussi...)

 

 

 

2 janvier 2016

ça poursuit, ça précède Poids plume...

Parmi les "news" publiées pour l'accompagnement du projet Poids plume sur Ulule - que vous pouvez lire dans l'onglet "news" en suivant ce lien : Ulule Poids plume - il y a un clin d'oeil aux secrets initiateurs du projet : Anden, la maîtresse d'école qui nous offrit le premier poème Poids plume, en 2009. Et Loïc, l'auteur de la première collection de 7 tomes de livrets Poids plume en décembre 2014...

Aujourd'hui, pour aller encore un peu plus loin dans la genèse, voici la racine du livret-poème d'Anden... 

C'est un petit livre dont vous trouverez tous les secrets sur le site de l'ICEM : Institut Coopératif de l'École Moderne - Pédagogie Freinet, et encore plus précisément, la fiche technique avec quelques indications pédagogiques .

Alors, un deux janvier comme un hommage discret à Érasme, Rabelais, Rousseau, Pestalozzi, Itard, Seguin, Montessori, Makarenko, Piaget, Freinet, Korczak, Decroly, Neill, Dewey, Oury... de grands pédagogues qui au cours de leur travail et leurs passions conjugués dans le droit fil du temps tortueux nous ont permis de croire un temps à l'Éducation Nouvelle. Celle qui ferait de nous - et surtout de nos enfants - des hommes libres. Inventifs. Éclairés. Sociables. Libres penseurs. Artisans d'un monde équitable. Respectueux. Intelligents. 

Poids plume, sous ses airs de poème, est une goutte d'eau (nostalgique) à la rivière de leur grand courant...

Pédagogie du libre choix, disait Montessori. "Libres enfants de Summerhill", disait Neill, écrire pour lire, disait la méthode naturelle de Freinet...

 

Et voici Poids plume : des auteurs, des lecteurs.

Écrire, puis lire tous les autres. 

Faire circuler. Offrir.

La parole de chacun comme un instrument de liberté à reconquérir, à amputer des stéréotypes qui la réduisent et ce faisant, qui atrophient insidieusement la pensée. 

Ô dites, s'il vous plaît, vous écririez des livres ? Avec vos mots à vous. Des livres à offrir ?

 

 

Et ce poème de Guy Bellay à déposer sur le rebord de votre journée pour y respirer, là "où l'imagination se repose". 

 

Parmi des enfants je gagne ma vie.

De trente écrire lire et compter feront des sujets mieux trompés

de trois peut-être des hommes libres.

Je souris aux déshérités,

mais l'affection peut être une imposture comme les rêves trop tôt donnés. 

Je respire sur la fenêtre où l'imagination se repose.

Un apprenti à l'aise dans son bleu me salue.

Je garde pour moi l'envie de travailler avec des hommes.

 

Guy Bellay - Les charpentières - édition le dé bleu - 2002

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