Paris...
"J'espère que tu resteras à Paris et même
c'est un conseil reste à Paris
si tu as le choix j'espère que tu échapperas
à la rue mais si tu n'y échappes pas
Paris c'est commode comme on dit
dans les agences pour touristes le lieu
promet de gracieux accommodements
pour pas cher des trous des recoins des fentes
des tunnels des porches des creux d'ombre
pour ce qui est de l'habitant par contre
c'est pas du meilleur le Parisien est du genre
qu'est-ce que vous foutez là ? il est
comment dire ? d'une brutalité molle
une brute qui n'a pas le courage de son
mépris le Français en général il s'essuie
les pieds avant de rentrer chez lui
beaucoup beaucoup trop dans le genre
je suis mauvais mais j'ai mauvaise conscience
il a une chose de bien quand même
il ne voit que ce qui lui ressemble
moyennant quoi si tu ruses avec les uniformes
avec un peu de chance tu es invisible"
Jean-Pierre Siméon, Le testament de Vanda, éd. Les solitaires intempestifs, 2009
ou ailleurs mais au quai d'un métro...
" attention à la marche en descendant du train
La vie n'est pas un long trajet tranquille
au pas des mules, parmi les oliviers
tendres pour l'oeil avec leurs gris verts
et leur tronc râblé de grands marcheurs
La vie n'est pas une pause casse-croûte
sous l'ombre mystique d'un caroubier
quand midi tape et que les ventres,
muezzins plaintifs, lancent l'appel au pain
La vie n'est pas une sieste crapuleuse
à deux, cachés comme un figuier
derrière des murs en ruine bien frais
avec le vent pour drap, le soleil pour chambre
La vie est une course en métro
dans des tunnels surchauffés et sans arbres
parmi des étrangers qui encombrent sans exister
et des machines à sodas contre la soif"
Muriel Camac, La mer devrait suffire, Éditions Henry, 2014